En pleine canicule parisienne, dans un pays qui chante “I Will Survive” à chaque coin de rue.
La France vient de gagner sa première Coupe du Monde. Paris explose de joie, mais chez moi, c’est un moment plus intime, plus silencieux.
Dans une époque en plein virage, je nais entre deux lignes de vie. Entre le monde d’avant et celui qu’on s’apprête à quitter.
À ma naissance, entre les cris des stades et le calme des décisions importantes. On me donne comme 2e et 3e prénom, le nom de deux hommes que j’ai eu la chance de connaître : Pierre Guillermet et Norbert Botella.
Mes arrière-grands-pères. Deux militaires, deux histoires fortes. Leur parcours m’a été transmis comme on confie une médaille : sans bruit, mais avec du poids.
Ma Famille
Je viens d’une famille discrète mais déterminée, faite de métiers engagés et de choix assumés.
Côté maternel, entre l’Algérie, et Paris, mes grands-parents m’ont transmis le sens de la logique, cette capacité à savourer l’instant et à toujours trouver de quoi s’occuper.
Côté paternel, mes grands-parents ont consacré leur vie à la cuisine et à l’excellence, jusqu’à décrocher une étoile Michelin à Paris.
Famille lointaine, présence silencieuse
Leur exigence, leur goût du travail bien fait, et leur capacité à ne jamais s’arrêter m’inspirent encore aujourd’hui.
Je viens de là. De ces racines que je n’ai jamais vraiment vécues au quotidien, mais que je ressens dans mes gestes, dans mes choix, dans mon envie de faire les choses bien.
Je n’ai pas connu les grands repas en famille.
Je vois mes proches rarement. Une fois par an, parfois moins.
Mais je les porte. Partout leur présence est là.
Première cicatrice
Très vite, la vie m’enseigne la fragilité.
À un an et demi, je passe par la case hôpital Necker pour une lourde opération.
Je ne garde pas de souvenirs nets, mais je crois que quelque chose s’est réveillé à ce moment-là.
Un instinct de mouvement. De ne jamais attendre.
Mes parents décident de partir.
De Paris, du cadre, du béton, du rythme.
Ma mère est sage-femme. Mon père dirige une boîte de logiciels.
Ils veulent de l’espace, du sens, une vie plus vraie.
Pour eux. Pour mon grand frère. Pour moi.
Nouvelle page blanche
Alors, en l’an 2000, pour mes deux ans, on fait nos valises.
Direction l’île Maurice.
Pas un rêve. Un choix.
Une page blanche à l’autre bout du monde.
J’ai des racines sans frontières, ancrées dans les silences autant que dans les gestes.
Depuis tôt, je suis en mouvement — pas pour fuir, mais pour créer.
Et dans chaque élan, je garde en mémoire ceux qui m’ont mis en marche.